Mgr Rolando Álvarez, emprisonné depuis août 2022 et condamné à 26 ans de prison par le gouvernement de Daniel Ortega, ainsi qu'un autre évêque, deux séminaristes et quinze prêtres, ont finalement été libérés par les autorités nicaraguayennes. Le 14 janvier dernier, tous, à l'exception d'un prêtre resté au Venezuela, ont été envoyés à Rome, où le Saint-Siège les a chaleureusement accueillis.
Le gouvernement nicaraguayen a annoncé, le 14 janvier dernier, avoir libéré et exilé vers le Vatican deux évêques, 15 prêtres, et deux séminaristes. Les personnes libérées, à l'exception d'un prêtre resté au Venezuela, ont été envoyées à Rome le jour de leur libération et ont été chaleureusement accueillies par le Saint-Siège, rapporte Vatican News.
Parmi les religieux libérés, se trouvent des prêtres arrêtés fin décembre dernier par le gouvernement du président Daniel Ortega. Leur détention faisait suite à leur expression de solidarité envers Mgr Rolando Álvarez, arrêté en 2022.
L'évêque Rolando Álvarez : un prisonnier politique de premier plan
Depuis son arrestation en août 2022, l'évêque nicaraguayen Rolando Alvarez, figure critique du président Daniel Ortega, a été assigné à résidence. En février 2023, il a été condamné à 26 ans d'emprisonnement pour "conspiration et diffusion de fausses nouvelles". Il a également été déchu de sa nationalité nicaraguayenne, privé de ses droits civiques à perpétuité et condamné à une amende de 1 600 dollars.
Refusant de s'exiler aux États-Unis avec plus de 200 autres opposants libérés par le gouvernement, Alvarez, l'un des membres du clergé les plus critiques du pays, a préféré retourner en prison.
La tension entre l'église et le gouvernement d'Ortega s'est accentuée au fil du temps
Daniel Ortega, à la tête du Nicaragua de 1979 à 1990, a marqué son retour en 2007 avec le soutien des leaders chrétiens, établissant des alliances avec les élites catholiques et protestantes lors des élections de 2006, selon Christian Today. En échange, des politiques sociales conservatrices, comme l'interdiction de l'avortement, ont été adoptées.
Il a ensuite maintenu sa popularité au cours de la décennie suivante, stimulant la croissance économique, collaborant avec les chefs d'entreprise, et améliorant les infrastructures et les services publics. Réélu en 2011 et conservant le pouvoir lors d'élections contestées en 2016, la chute de sa popularité a été inattendue en avril 2018.
Les réductions des prestations de sécurité sociale ont déclenché des manifestations massives, réprimées violemment par son gouvernement. Ses relations avec l'Eglise se sont durcies lorsque les religieux du pays ont apporté leur soutien aux manifestants, considérés comme des opposants au régime.
La critique des leaders catholiques a exacerbé les tensions avec le gouvernement qui a vu l'Église comme une rivale menaçant sa légitimité déclinante. Des attaques contre le clergé et les institutions catholiques ont suivi, forçant certains religieux à l'exil. Ceux qui sont restés sont étroitement surveillés, les prêtres soutenant les prisonniers politiques risquant arrestation ou violences.
Selon l'organisation Portes Ouvertes, les chrétiens au Nicaragua font face à de l'intimidation, du harcèlement et sont perçus comme "des agents de déstabilisation".
Salma El Monser